21 au 28 août 2022 : sur le toit de l’Ukraine

21 au 28 août 2022 : sur le toit de l’Ukraine

Au départ c’était bien une semaine entre potes et pote(sses) (hum !) qui se préparait, mais le moment venu plusieurs désistements pour reprises précoces torpillaient cette rencontre. Si dans certaines grosses entreprises ou dans l’administration les dates de congés se figent dès le début d’année, il reste encore aujourd’hui des âmes soumises aux lois de flexibilité des TPE, et c’est pour le pire concernant les réservations qui se font maintenant entre 6 et 12 mois par avance. L’association pour cause de facilité de gestion adoptant également ce principe et ayant réservé cette semaine qui se délitait, il me vint comme une évidence d’utiliser ce créneau pour appliquer une démarche qui me motivait depuis longtemps : ouvrir en séjour autogéré la maison et le prestigieux cadre l’environnant, à des personnes plus nécessiteuses que nous autres aujourd’hui. 

C’est à Jean Paul Moulin secrétaire de l’FFUP (Fraternité France Ukraine Provence) et Sylvie sa femme amis de longue date, que je pensai par évidence pour ce séjour solidaire. Et c’est finalement un partenariat entre nos deux associations, qui permit ce séjour mémorable. Ce fut donc une vingtaine de personnes pour ce séjour, dont 11 Ukrainiens + 1 bébé, et un jeune de 21 ans impressionnant par sa maturité et qui maîtrisait également le Russe (hum, oui !) ce qui nous a bien aidé !

Passons sur l’organisation matérielle qui fut notamment marquée par le peu de véhicules, et de places pour tous nous transporter sur les lieux. Deux remorques dont une prêtée par la famille Pioli, remplirent totalement leur rôle, et nous permirent de monter serrés mais pas anéantis par les bagages, et les denrées acheminés. Aux cm3 des volumes de voitures utilisées, ce fut une montée en tous cas des plus écologique !))

Les satisfactions majeures de ce séjour furent de voir avec quels émerveillements, nos hôtes découvraient tous et tous les jours la nature. Également c’était aussi de notre part, celle de leur permettre de vivre un instant de paix et d’insouciance, pour oublier la tragédie de leur vie. Une autre satisfaction pratique et inattendue celle-là, mais tellement appréciable aussi, fut leur implication aux taches et notamment cette tornade, qui envahissait après chaque repas la salle à manger et la cuisine, pour en un instant et sans desserte s’il vous plaît, rendre les lieux irréprochables.

Mais nous étions là bien évidemment en priorité pour résister au temps en le partageant. Ce qui fut facile et naturel malgré nos différences de langages et d’habitudes.

Lundi, échauffement jusqu’au lac de la douche, avec les premiers écarquillements oculaires devant cette nature qui nous surprend toujours. A la redescente, arrivée des derniers participants et anciens Adaliens en manque de Barotte. Ce fut aussi le jour de la résurrection de la moulinette à mémère, qui nous pressa plusieurs litres du magnifique raisin de Monique, avant d’officier superbement pour la purée. Ne jamais jeter ! (Bis repetita)))

Mardi, premières ampoules et jour de tous les dépassements. Dépassement de soi, mais avec le but secret de dépasser aussi le toit de l’Ukraine. Le chemin de l’Alpe, la cheminée du grand lac, et le clos d’âne, et ce fut chose faite et bien fêtée. Il fallait voir leur fierté et leur enthousiasme, l’effort passé !

Mercredi, un départ toujours joyeux mais sans le savoir, vers le triste lac du Combeynot bien à sec. Un autre groupe part à la découverte de Briançon. Le 24 août étant le jour anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, et une occasion pour eux de s’évader de ces temps douloureux, notre soirée fut dédiée à cette célébration. Après une prise en main magistrale de la cuisine par nos hôtes, et un partage des préparations, tandis que dear Emmanuel faisait son discours, nous nous régalions d’une entrée autant colorée que délicieuse au hareng bien accommodé, puis de raviolis maisons, et autres déclinaisons de notre ratatouille provençale, pour accompagner les délicieuses viandes marinées et cuites, au porte bagages VIP nouvellement rechaussé.

Jeudi, piquenique au milieu des myrtilles, et observation des chamois vu mercredi à la redescente du Combeynot. Fallait voir leurs yeux ! Fallait voir leur langue ! ))) Le soir c’est la tartiflette au diots de Savoie (dont je revendique la paternité (du moins pour le concept))) et la tarte aux fruits interdits qui ravirent tous les convives.

Vendredi, on lève un peu le pied sur cet emploi du temps pas moins intense que partagé : qui aux bains, qui à vélo, qui en petite balade, et bibi qui essaye de faire quelque chose pour la hotte mais sans succès.

Déjà samedi ! Départ pour le col du Chardonnet et l’aiguillette, tandis qu’un autre groupe descendait à Briançon pour profiter des journées médiévales. Parties de boules en fin de journée et déjà on parlait de finir les restes pour le soir. Ce n’est pas que je fais la fine bouche mais aussi bons soient t’ils, il y a toujours ce relent gênant du départ imminent !

Dimanche, la Barotte se transforme en fourmilière, petite entreprise de nettoyage et de conciergerie, les enfants Ukrainiens ne veulent plus partir, dernier repas sur la terrasse, dernière photo, les au revoir la tête pleine d’étoiles et le cœur mou.

Il y a des séjours qui marquent l’histoire de la Barotte, celui-ci est un de ceux qui la magnifie. Car à la fois, il répond aux aspirations sociales d’origines des premiers instigateurs de ces séjours montagnards, et il représente un soutien actif à une cause contemporaine dramatique.

Merci à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cette semaine généreuse, et à tous ceux qui par leur présence, leur enthousiasme, et leur participation active à ce séjour, ont fait de celui-ci une belle réussite fraternelle.

Qu’il y en ait d’autres !

Michel

PS: Message de Jean Paul Moulin

Hervé,

Je tenais à vous remercier chaleureusement, ainsi que tous les membres de l’ADAL, d’avoir accueilli ce groupe de réfugiés Ukrainiens pour ce séjour à la Barotte.

Cela leur a permis à tous de s’évader un peu de leur quotidien et surtout d’oublier sans doute un peu pendant quelques jours l’expérience traumatisante qu’ils vivent eux même ainsi que leurs proches restés en Ukraine.

Ils m’ont tous témoigné leur immense gratitude pour ce séjour idyllique qu’ils ont vécu, et l’expérience humaine, pleine de chaleur et de bienveillance, que nous avons pu leur offrir grâce à l’ADAL.

Encore une fois, mille mercis pour cela.

Nous sommes très preneurs d’une forme quelconque de partenariat entre nos associations si cela pouvait permettre de renouveler ce genre d’expérience et de permettre aux membres de l’ADAL qui le souhaitent de partager ce genre d’échanges.

Encore mille merci.

Bien cordialement,